Le Producteur

Le Producteur, Journal de l’industrie, des sciences et des beaux-arts, puis, à partir du 1er avril 1826, Journal philosophique de l’industrie, des sciences et des beaux-arts. Périodique hebdomadaire, puis mensuel, Paris, Sautelet, 1er octobre 1825 – octobre 1826, 5 vol. in-8°, 636, 632, 585, 547 et 160 p.

Sous son titre emblématique de l’industrialisme de Saint-Simon, Le Producteur est le premier journal publié par ses continuateurs, qu’on n’appelle pas encore et qui ne s’appellent pas encore « les saint-simoniens ». Son premier numéro paraît le 1er octobre 1825, quatre mois après la mort de Saint-Simon (le 19 mai précédent).

Sa publication est aussi bien un acte scientifique et littéraire – visant à affirmer des positions intellectuelles et à pratiquer une forme de communication publique – qu'un geste politique militant – visant à former un groupe et à exercer une influence  via l’opinion publique. Mais la politique du Producteur est tout sauf partisane, en ce sens que les rédacteurs ne se reconnaissent dans aucun des partis existants, pas même dans celui dont ils sont de fait les plus proches, les Indépendants, soit les libéraux de l’époque, dont les chefs de file sont alors La Fayette et Benjamin Constant.

Rassemblée par deux intellectuels férus d’économie politique (Olinde Rodrigues et son ancien élève Prosper Enfantin) et composée en majorité d’anciens carbonari (dont le chef de la conspiration de Belfort, Bazard), mais aussi de proches de Saint-Simon de son vivant (Auguste Comte, Léon Halévy, et, à nouveau, Olinde Rodrigues), l’équipe du Producteur veut au contraire dépasser des clivages qui lui paraissent caducs et stériles, pour promouvoir dans tous les domaines une « philosophie positive » du « progrès » susceptible de rassembler tous les « producteurs », des « industriels » aux « artistes », en vue de buts communs d’activité.

En fait, le journal va aussi fonctionner comme un lieu d’élaboration du saint-simonisme.

En s’opposant aux libéraux, en polémiquant avec eux, les rédacteurs les plus avancés dans l’assimilation de la doctrine de Saint-Simon vont se poser eux-mêmes et commencer à fixer leur interprétation « illibérale » de celle-ci. Au bout de six mois (à partir d’avril 1826), un différend privé survenu entre le rédacteur en chef, Antoine Cerclet, et Auguste Comte, assez grave pour provoquer chez ce dernier un accès de folie, fournit l’occasion d’une refondation du journal. Elle entraîne peu à peu le départ des collaborateurs les moins convaincus par la nécessité de hâter la définition d’une « nouvelle doctrine générale », elle-même susceptible de servir de référence au nouveau « pouvoir spirituel » qui remplacerait celui, bien affaibli, du christianisme catholique ou protestant.

Cette seconde phase du Producteur est inaugurée notamment par le début d’une série d’articles d’Olinde Rodrigues intitulés « De Henri Saint-Simon ».

Pour en savoir plus, voir Philippe Régnier, « Les premiers journaux saint-simoniens. L’invention conjointe du journal militant et du socialisme : Enfantin et Le Producteur ; Laurent et Bazard, et L’Organisateur », dans Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau, Edward Castleton, Ludovic Frobert et François Jarrige dir., Quand les socialistes inventaient l’avenir (1825-1851), Paris, La Découverte, 2015, p. 36-48.

Michel Bellet et Philippe Régnier préparent une édition annotée.

Le site Gallica permet de visualiser et de télécharger en mode image l’intégralité de la collection.

Dans le cadre d’une anthologie des textes économiques saint-simoniens en préparation, une équipe de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne dirigée par Michel Bellet prépare la mise en ligne des articles relatifs à l’économie politique.

Pour visualiser et/ou télécharger une transcription en mode texte de l’intégralité des cinq volumes :

Tome Ier (octobre, novembre et décembre 1825)

Tome 2 (janvier, février et mars 1826)

Tome 3 (avril, mai et juin 1826)

Tome 4 (juillet, août et septembre 1826)

Tome 5 (octobre 1826)