BONAMY

Prénom(s)

Auguste
Joachim
Théodore

Ingénieur polytechnicien des ponts et chaussées. Saint-simonien entre 1829 et 1833, puis fouriériste, puis catholique. Né le 28 avril 1806 à Nantes et mort le 28 août 1862 à Nantes. Frère aîné et initiateur au saint-simonisme du médecin Eugène Bonamy. Épouse en 1839 Amélie Virginie Bourcard.

Auguste Bonamy est issu d’une grande famille nantaise : son grand-père, François Bonamy, était médecin, recteur de l’Université de Nantes et botaniste de renom ; son père, capitaine au long cours, meurt dans un naufrage lorsqu’Auguste avait deux ans.

Polytechnicien (promotion de 1825), Bonamy intègre l’École des ponts et chaussées. C’est en 1829, pendant ses études à Paris, qu’il adhère au saint-simonisme. Il exerce une influence décisive sur son frère Eugène, qui arrive à Paris cette année-là pour entreprendre ses études de médecine. Auguste Bonamy est nommé ingénieur à Cahors en mai 1831. Au moment du schisme, privé d’informations parisiennes, Auguste opte pour Bazard, au grand dam de son frère Eugène. Ollivier tente également de le remettre « sur la bonne voie[1] », mais Auguste a bien du mal à assimiler la scission. En mars, il écrit à Bouffard : « Aujourd’hui ma conscience m’empêche d’aller à vous. Tirez-moi du doute, rendez-moi la foi[2] ». Mais il est sensible aussi aux critiques de Jules Lechevalier à l’égard d’Enfantin et du saint-simonisme. En juin 1832, alors qu’il est nommé ingénieur à Bressuire (Deux-Sèvres), il s’abonne au premier numéro du Phalanstère[3] et se rapproche des fouriéristes. À partir de cette époque, il semble hésiter entre fouriérisme et saint-simonisme.

Le 16 janvier 1833, Auguste Bonamy participe à la réunion hebdomadaire chez le docteur Guépin en compagnie de Paul Romain Chaperon, un autre polytechnicien saint simonien. Guépin y fait allusion à une lettre de Barrault « qui désire répandre les saint-simoniens par escouades chantées laborieuses et costumées et qui veut savoir s’ils pourront trouver de l’ouvrage à Nantes[4] » : Athenas et Auguste Bonamy s’occupent très efficacement de cette tâche. Au mois d’avril, il participe à la Réunion de l’Ouest organisée par Guépin et prend part en son sein aux travaux du comité de l’industrie. En septembre 1833, il se réabonne néanmoins au Phalanstère.

Nommé à Nantes en 1839 (après encore avoir occupé un poste à Cholet), il s’éloigne alors tant du fouriérisme que du saint-simonisme. Le 1er août 1844, Enfantin le sollicite pour « faire des abonnements » à L’Algérie. Auguste, qui vient de perdre un petit garçon de quatre ans, lui répond : « Je suis encore sous l’impression de ce triste événement, et je n’ai pas pu m’occuper de chercher des lecteurs à L’Algérie[5]. » Il abandonne ensuite tout engagement politique, devient un notable nantais. Il est décoré de la Légion d’honneur en 1847 et signe la même année dans les Annales des ponts et chaussées un article décrivant une technique d’empierrement des routes qu’il a lui-même expérimentée. Passant selon le préfet du département comme ayant des dispositions tout à fait bienveillantes à l’égard du régime et de la politique de Napoléon III, il renoue d’autre part avec le catholicisme, mais, profondément déprimé par la mort de ses enfants, il met fin à ses jours en 1862.

Michel AUSSEL

SOURCES

Bernard Desmars, notice « Bonamy, Auguste (Joachim Théodore) » sur le site Charles Fourier, mise en ligne en novembre 2013, consultée le 12 avril 2020 au lien http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1223. – Pierre Protat, fiche « Auguste Bonamy » dans le dossier « Les polytechniciens » consulté au lien https://www.societe-des-etudes-saint-simoniennes.org/liste/bonamy.pdf , consultée le 5 septembre 2020. – Michel Aussel, Nantes sous la Monarchie de Juillet, Ouest Éditions, Nantes 2002, p. 78, et, du même, Le docteur Ange Guépin. Nantes, du Saint-Simonisme à la République, Rennes, PUR, 2016, p. 332-333 et passim.

 

 

 

[1] Lettre d’Auguste Bonamy à Ollivier, Cahors le 6 décembre 1831, 7609, fo 14.

[2] Lettre d’Auguste Bonamy à Bouffard, Cahors le 21 mars 1832, ibid., ms 7609, fo 15.

[3] En juin 1832, paraît Le Phalanstère ou la réforme industrielle et, en septembre suivant, le premier numéro de La Réforme industrielle ou Le Phalanstère.

[4] Journal de Guépin, 16 janvier 1833, dans Michel Aussel, Le docteur Ange Guépin. Nantes, du Saint-Simonisme à la République, Rennes, PUR, 2016, p. 333.

[5] Lettre datée de Nantes, le 10 septembre 1844, Bibliothèque de l’Arsenal, fonds Enfantin, ms 7630, fo 25.